mercredi 5 décembre 2007

L'UNEA au 4ème congrès du FLN

La publication, début avril 64, des thèses du congrès ne nous laisse pas indifférents. Pas seulement parce qu'Alger rép. en recommande l'étude ; c'est un événement que tout le monde attend. Le CE-UNEA en fait un des points de son ordre du jour, avec ceux concernant la préparation des documents pour le 6e congrès de l'Union (rapport d'activité, Programme d'action, etc.), et bien évidemment, nous, au CS, nous nous impliquons, parce que nous sommes partie prenante, au moins en ce qui concerne le programme d'action.
Le 16 avril est une date marquante : l'UNEA est invitée au congrès du FLN. Elle y délègue son président et, je crois, un autre membre de son CE. J'y suis, moi, invité à titre personnel par le Dr Nekkache. Ce qui m'a frappé et que j'ai retenu de ces assises où beaucoup a été dit, ce n'est pas l'intervention, bien applaudie, de H. Mouffok, mais c'est celle de Boumédiène, au sujet de l'épuration des rangs du parti que beaucoup réclament . C'est même un des leitmotivs d'Alger rép., de Révolution africaine, d'el-Moudjahid, pour ne citer que la presse écrite. "Qui va épurer qui ?" demande le ministre de la Défense. Que veut-il dire ? pensé-je, alors que me reviennent à l'esprit les inquiétudes des amis collaborateurs du Dr Nekkache concernant la "ligne diviseuse" des communistes. Mais, malgré la poursuite préoccupante des assassinats de militants à travers le pays, par les fauteurs de dissidence, j'ai l'impression que cela se calme dans l'euphorie de l'adoption de la Charte d'Alger – dont Alger rép. publie le texte à partir du 15 novembre.
D'autant que c'est le moment où Ben Bella revient d'un voyage triomphal dans les pays socialistes et en Égypte, dont B. Khalfa, dans Alger rép. relate, sur cinq numéros, le déroulement sous le titre : Un voyage qui fera date, et apporte des résultats concrets (dont un Institut africain du pétrole et du gaz, offert par l'URSS ; on annonce son ouverture dès septembre!) Le communiqué commun qui clôt la visite porte que « l'expérience algérienne est une grande contribution au nouveau développement du processus révolutionnaire mondial ». Expérience hautement appréciée également par les communistes français et italiens, et par Che Guevara, de passage, qui a jugé "encourageant", pour un révolutionnaire comme lui, de connaître le peuple algérien. C'est le moment où en France, « la guerre d'Algérie continue », ainsi que le dénonce Révolution africaine : nos concitoyens, là-bas, sont agressés, assassinés à longueur de semaine ; on fait participer des harkis à la sale besogne. De nombreux Algériens sont refoulés de Marseille, ne remplissant pas, dit-on, les conditions pour leur séjour en France... C'est le moment où l'on assiste à un ballet incessant de visites de nos ministres à Paris, pour négocier la mise en œuvre rechignée des engagements de la France concernant cette période de la décolonisation, pour lever les réticences et blocages à l'envoi d'enseignants pour nos établissements, alors que notre ministre de l'Orientation, Ch. Belkacem, multiplie ses appels assurant que « l'Algérie accueillera fraternellement tous les enseignants français » ; où les médias français rivalisent à qui suscitera le plus d'animosité envers l'Algérie, la plus grande méfiance vis-à-vis de sa politique et de l'« entrain avec lequel elle pousse son édification socialiste », de ses prétentions à « modifier la répartition des bénéfices prévue dans les accords d'Évian », sans préciser, comme le fait B. Boumaaza, que le gouvernement français a considérablement vidé ces accords de leur sens par des décisions unilatérales. Au point que des délégations des partis communistes français et italien s'engagent après leur visite à redresser cette image détestable largement diffusée en Occident. C'est le moment où les autorités françaises prennent des sanctions-représailles, politiques et financières, contre la Tunisie de Bourguiba parce que ce dernier a osé nationaliser des terres encore propriété des anciens colons...
C'est le moment où se produit le sabotage au port de ‛Annaba du Star of Alexandria, qui ramenait dans ses soutes l'armement et les munitions que l'ALN avait laissés à l'extérieur. L'explosion fait des dégâts considérables dans le port sans compter près de quatre-vingt dix morts... C'est le moment où Ho Chi-Minh s'adresse au peuple américain lui demandant d'exiger la fin immédiate de la sale guerre au Sud Viêt-Nam..., où Mandela et ses compagnons arrachés à la mort, sont condamnés à la prison à vie... Bref, un moment où ce qui se passe dans notre pays s'inscrit plus que jamais dans le formidable mouvement des peuples secouant la tutelle coloniale et la pression néocolonialiste qui s'efforce de contenir ce mouvement…

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